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3. PROJET DETUDE
Dans le cadre de ma deuxième période de stage, je me suis vu confier un projet détude portant sur la méthode des 5S. Mon rôle était de me documenter sur cette méthode, la structurer, la présenter aux personnes impliquées et lappliquer sur un poste qui le nécessitait.
1.1.
Définition des
5S : [4],[5]
La
qualité ne peut sépanouir dans des ateliers sales et encombrés dobjets. Le
désordre laissé sur les lieux de travail crée un environnement peu agréable et
peu propice au travail, il nuit au désir de bien faire. Les petites
négligences, les petits écarts de conduite répétés, les accrocs aux règles en
usage, altèrent profondément le climat dune unité.
La tenue dun établissement reflète,
à coup sûr, la qualité dune entreprise. Comment alors procéder dans une entreprise ?
Dans une unité ? Comment développer cette capacité à se plier à une
discipline librement acceptée qui génère lordre et le calme ? Comment
rétablir un cadre où le désir de bien faire sépanouisse et où lautonomie naît
du temps économisé par un travail plus efficace et plus rapide ?
Cest le but du sujet qui ma été donné : le projet dapplication des 5S, la première des techniques de management à mettre en uvre sur le chemin de la Qualité Totale.
Lacronyme
5S tire son origine de la première lettre de chacune des cinq opérations à
conduire dans le cadre de cette technique : Seiri, Seiton, Seiso, Seiketsu, Shitsuke.
La première opération, Seiri ou Débarras, vise à trier sur le poste de travail ce qui est
strictement nécessaire et qui doit être gardé en se débarrassant du reste. Elle
touche à la fois aux objets matériels
et aux objets immatériels qui environnent ou conditionnent les méthodes de
travail (normes, règles, documentations
). Cette opération lutte contre le
penchant bien naturel de lhomme à accumuler. Il sagit de marquer les objets
non indispensables et de statuer sur leur sort afin détablir un système de
classification des objets en fonction de leur nécessité.
Une fois le poste de travail
débarrassé, la deuxième opération, Seiton
ou Rangement, consiste à aménager au
mieux les moyens nécessaires en réduisant les gestes inutiles et les pertes de
temps : une place pour chaque chose, chaque chose à sa place. Il sagit de
marquer les emplacements et identifier visuellement les objets afin de créer un
milieu de travail bien rangé.
La troisième opération, Seiso ou Nettoyage, assure la propreté du poste de travail en luttant contre
la poussière, la saleté, les chutes de matériaux, les fuites dhuile.
Lentretien des sols et des machines y prend une importance toute particulière.
Le nettoyage devient loccasion et le moyen dinspection des machines pour
détecter les anomalies et les usures prématurées. Il sagira par la suite de
définir les modalités précises du nettoyage afin de conserver les locaux et les
équipements en parfait état de propreté.
La quatrième opération, Seiketsu ou Ordre, définit les règles par lesquelles le poste de travail
restera débarrassé des objets inutiles, rangé, nettoyé. Elle consolide les
trois opérations précédentes mais demeure plus particulièrement associée à la troisième opération, le nettoyage ; elle précise notamment
les moyens délimination des causes de salissures ou de désordre. Il sagit de
rendre visible et améliorer linformation relative aux règles et aux tâches à
effectuer, de créer des documentations et de mettre en place des contrôles
visuels afin de gagner du temps et de faciliter la formation et la polyvalence.
La cinquième opération, Shitsuke ou Rigueur, est pleinement du ressort hiérarchique. Elle se fixe pour
but le maintien des bonnes habitudes, en soutenant et en encourageant le
personnel à adhérer aux règles et aux standards, et de les améliorer. Le choix
du terme de Rigueur dans le sens du
respect de ce qui est exigé ou imposé par les règles en tire toute sa
justification. Il sagit de développer une discipline collective, détablir des
règles afin de rendre durable les résultats précédents.
Cest, en bref, un outil qui sapplique dans tous les secteurs de
lentreprise et qui permet daméliorer la productivité, la qualité,
limplication du personnel (donc sa motivation). Il trouve sa place dans une
stratégie de développement de la productivité.
1.2.
Concrétisation
des 5S : [5],[6]
Suite à cette analyse théorique portée sur les 5S au moyen des documents techniques qui ont été récoltés, on peut dire que le rôle des 5S est déliminer le gaspillage. Mais on peut vite sapercevoir que les définitions fournies sont assez larges et vagues et pas suffisamment précises pour pouvoir être appliquées sur un poste sans un travail de fond qui aurait pour but de rapprocher le côté théorique avec la réalité et la pratique. Il devient, dès lors, important de définir clairement en quoi consistent les 5S, où ils sont censés nous mener et comment les activités qui sy rattachent doivent être structurées pour nous permettre datteindre ce but.
En quoi consistent exactement les 5S et que peuvent-ils nous apporter ?
Le sens premier de débarrasser est de «dégager de ce qui embarrasse ».
Dans
le contexte des 5S, cela signifie faire la distinction entre le nécessaire et
linutile. Il faudra prendre les décisions difficiles quimplique cette
distinction et mettre en place une hiérarchisation des éléments afin de
supprimer ce qui ne sert à rien.
Laccent sera donc mis sur la hiérarchisation des éléments, sur le traitement des causes afin déliminer linutile et sur les façons déviter que ces causes ne deviennent des problèmes. Il sera nécessaire de travailler en parallèle avec lopérateur pour cette action car il est évident quorganiser cest bien plus que déplacer seulement des objets. Et seul lutilisateur peut réellement créer un système dans lequel chaque chose aura sa place.
Il est donc capital de procéder à un grand nettoyage et de faire place nette. Cela nous permettra de comprendre pourquoi cela va mal et daller à la cause première du problème. Nous pourrons ainsi passer au plus important, à savoir, traiter les causes.
Il sagira donc de trier :
- Trier, cest comprendre ce qui sert et ce qui ne sert plus afin déclaircir lenvironnement de la machine.
- Cest conserver seulement le strict nécessaire au fonctionnement de la machine au voisinage de cette dernière.
·
Seiton = Rangement
Que ce soit en relation avec les 5S ou en général, ranger veut dire placer chaque chose à un endroit précis afin de pouvoir la trouver immédiatement en cas de besoin. On évite ainsi de perdre du temps à chercher.
Laccent est mis sur lorganisation
rationnelle pour éviter de perdre du temps à chercher. Une fois chaque chose à
une place, définie en fonction des exigences de qualité et de sécurité, lunité
de travail est en ordre. Ce rangement permettra à lopérateur de trouver tout
ce dont il a besoin, sans avoir à chercher ni à tout retourner. Il a pour but
de faciliter laccès aux objets.
Pour quun atelier reste bien rangé, il faut que lopérateur prenne conscience de limportance et surtout de lefficacité dun tel rangement. Ainsi il faudra réaliser un agencement flexible pouvant être modifié en fonction de lévolution des conditions de travail de louvrier posté afin que ce rangement ait pour finalité de stimuler son efficacité.
Il sagira donc de ranger :
- Ranger un outil permet de le retrouver sans perte de temps en cas de besoin.
- Cest une manière de vérifier dun seul coup dil quil ne manque rien.
- Cest aussi savoir quel outil utiliser pour quelle tâche.
· Seiso =Nettoyage
Le dictionnaire donne du verbe nettoyer la définition suivante : « Rendre net, propre, en se débarrassant de tout ce qui ternit ou salit.[1] »
Dans
le contexte des 5S appliqués au poste TRUMPF (et aux autres postes au sein de
lentreprise du reste), cela signifie éliminer les déchets, les saletés, les
corps étrangers, afin que tout soit propre. Le nettoyage est un mode de
contrôle. En effet, compte tenu de lamélioration de la qualité, de la
précision et des techniques de production, le plus petit détail peut avoir des
répercussions importantes.
Toute léquipe a donc besoin dêtre dautant plus rigoureuse sur le nettoyage. Il sera nécessaire de fournir à lopérateur des procédures de maintenance qui seront une occasion, pour lui, de contrôler sa machine. Il ne faut pas oublier que la propreté peut avoir des répercussions considérables sur le temps dindisponibilité des machines, la qualité, la sécurité, le moral des employés.
Il sagira donc de nettoyer :
- Nettoyer est nécessaire car la propreté permet de voir et révéler immédiatement déventuelles anomalies.
- Travailler dans un environnement de propreté plus agréable et plus sécurisant.
· Seiketsu = Ordre
Dans les 5S, lordre veut dire veiller sans cesse à lélimination des choses inutiles, au rangement et au nettoyage. A ce titre, il concerne tout autant la propreté de lindividu que celle de lenvironnement.
Le Seiketsu met laccent sur le management visuel[2]
et sur lutilisation méthodique des 5S. Linnovation et le management visuel
total sont utilisés pour mettre en place et maintenir des principes durables
qui permettront dagir rapidement en toutes circonstances.
Il sagira donc dastiquer :
- Après avoir nettoyé et éliminé les causes de salissures, faire briller ou repeindre, cest tout lenvironnement psychologique qui est alors amélioré.
- Lélimination des causes de salissures permet de comprendre le fonctionnement technologique des composants des équipements.
·
Shitsuke = Rigueur
La rigueur suppose la capacité et la volonté de faire ce que lon veut faire, même si cest difficile. Du point de vue des 5S, la rigueur veut dire acquérir (ou avoir) la capacité de faire les choses comme elles doivent être faites.
Il
sagit donc de créer un environnement dans lequel règnent les bonnes habitudes
et la rigueur. Il faudra apprendre aux opérateurs ce quils doivent faire et
comment le faire pour perdre les mauvaises habitudes et shabituer à travailler
selon les règles. Cest en appliquant des règles précises que les gens prennent
de bonnes habitudes.
La rigueur est un processus de répétition et dentraînement, elle fait aussi partie intégrante de la sécurité industrielle. Quil sagisse de procédures durgence, de procédures régulières de travail standard ou dautre chose, il est primordial que tout soit fait pour que les opérateurs respectent systématiquement les règles. Il est essentiel que tout le monde participe sans réserve afin que sinstaure une stricte application des règles.
Il sagira donc de formaliser :
- Liste des tâches à accomplir (temps, période,...)
- Suivi des 4 actions précédentes (conservation et amélioration des résultats).
Il faudra
garder présent à lesprit quil est inhérent aux 5S que plus on les développe,
plus on découvre de problèmes et plus il semble difficile de laisser les choses
en létat. Mais il faudra aussi se souvenir que les 5S sont en fait un moyen
efficace qui permet datteindre des fins précises. Les 5S doivent donc être
appliqués en fonction de ces finalités.
1.3.
Présentation du
poste où sont appliqués les 5S :
Lapplication de la méthode des 5S a été
réalisée sur le poste TRUMPF[3]
. Ce projet nest pas un simple projet
décole, cest vraiment suite à un besoin que la maîtrise sest décidée à
me déléguer ce chantier. Ce poste était composé de deux opérateurs qui
travaillaient là depuis près de 5 ans. Je devais donc combattre la routine, redynamiser les opérateurs et rendre le poste
agréable et polyvalent pour dautres ouvriers afin de multiplier les
compétences et la modularité de la société au niveau de cette machine
Cest donc sur ce poste, où lentreprise estimait quune restructuration était la plus nécessaire, quil nous a incombé de lancer le chantier 5S. Ce poste, réclamant rigueur au niveau de lentretien, de la sécurité, de la gestion des tôles et des outils, se révéla un poste parfaitement adapté à montrer toute la puissance et létendue dune telle méthode.
1.4.
Méthode
dapplication des 5S : [5]
Une fois les 5S bien décortiqués et architecturés comme nous venons de le voir, il était nécessaire de concevoir ou dadapter une méthode dorganisation et dapplication des 5S sur le poste de travail.
Suite
à de nombreuses recherches documentaires, jai choisi dutiliser la méthode
dite du P.D.C.A. [4].
Cette méthode ma permis de contrôler rigoureusement lavancement du projet 5S
sur le poste de travail où ce projet a été lancé. Elle ma aussi servi à
définir pour moi-même et les membres du
groupe nos grandes étapes dévolution.
Afin de simplifier lexplication de cette méthode et son rapprochement avec les 5s, jai réalisé un système de graphe circulaire. Le processus de lecture commence à la case P et se déroule dans le sens des aiguilles dune montre.
Les étapes :
P: Il sagit de la préparation et de la planification technique du chantier.
- Repérage des lieux
- Information des opérateurs de la zone concernée (5S, objectifs, tâches à effectuer,...)
- Construction du planning
- Photos initiales du poste (suggestives tant que possible )
- Préparation
des documents Grand Ménage, Journal KAÏZEN et Cotation du 5S
Le but principal de cette étape étant de réaliser au moyen du document Cotation du 5S un état des lieux et une cotation du poste.
P D : Suite à la
cotation réalisée à létape P, il est désormais possible de faire un relevé
(certes non exhaustif) des anomalies qui se cachent derrière chaque item non
coté «bon».
D: Cette étape correspond à la phase appelée Grand Ménage. Il sagit maintenant avec les membres du groupe dagir sur les 3 premiers S :
· Se débarrasser de tous les objets inutiles et ne conserver que lindispensable, en sassurant du respect de la réglementation en vigueur et en respectant les préconisations du système de management environnemental (Ne pas omettre de remplir le formulaire Grand Ménage)
· Nettoyer tout et partout
· Ranger «grossièrement»
· Supprimer, a priori, tous les tiroirs
· Engager des actions immédiates
· Analyser les causes du «mal»
· Noter des actions futures et solutions à appliquer directement par léquipe de projet ou par le service maintenance. Nombreuses sont les réparations immédiates qui peuvent être engagées en sappuyant sur le service maintenance. (Ne pas omettre de remplir le Journal KAÏZEN )
·
Recueillir
toutes les propositions émanant des opérateurs eux-mêmes et des personnes des
autres services.
Suite à lopération de Débarras qui vient dêtre réalisée, il est nécessaire de faire le point et de lister en fonction des importances (se référer au niveau de cotation de chaque item)
toutes les actions à réaliser ou à mettre en uvre.
D
C : Après ces 2 étapes qui
ont permis en outre de réaliser le premier «S», on peut lancer le Rangement et le «Vrai» Nettoyage.
C: Le but est de contrôler et de maîtriser lavancement du projet. Il faut pérenniser le résultat. Il est temps de mettre en uvre toutes les solutions dont celles, évidemment, notées dans le Journal KAÏZEN.
· Favoriser le recul et la prise de conscience après chaque opération.
· Mettre en uvre le management visuel
· Faire participer les opérateurs
· Mettre en place les nouvelles procédures de rangement, de nettoyage, de maintenance et dutilisation conçues.
C
A : Il sagit dappliquer toutes
les améliorations et de montrer que, pour chacune de ces actions, existe un
responsable de son suivi, de son application et de la vérification de son
efficacité.
A: Il sagit au final de créer une volonté dAmélioration en continu. Le pilote doit avoir une action permanente de contrôle et vérification de la bonne application des instructions «5S» retenues. La cause principale de léchec du «5S» consiste en un manque de rigueur dans lapplication, qui doit être quotidienne.
Par la suite il est donc fortement conseillé, ayant à disposition désormais tous les outils pratiques de lamélioration continue, de :
1. Réaliser des cotations 5S régulières
2. Mettre en uvre les solutions retenues
3. Standardiser: cest en fait faire bénéficier les autres des bonnes solutions
Cest en se
basant sur le déroulement très strict de cette méthode davancement quun
chantier de lenvergure des 5S a pu être lancé sur le poste Trumpf. Un chantier
qui a réussi à être mené à terme en grande partie grâce à cette organisation
très structurée.
1.5. Application des 5S :
Il sagit désormais dengager le
chantier 5S sur le poste TRUMPF et de le mener à son terme. On va mettre en
scène la puissance de cette démarche 5S, notamment dans limplication du
personnel quelle engendre.
Les questions à se poser sont :
- Peut-on travailler dans un environnement inutilement encombré, désordonné, sale ?
- Où passons-nous trop de temps à trouver ce dont nous avons besoin ?
Il va falloir créer et maintenir un environnement générant le plaisir de bien faire, pour être plus efficace, plus rapide, plus calme, et pour détecter immédiatement tous les petits problèmes pour prévenir les grands ennuis.
Nous avons donc suivi pas à pas la méthode du P.D.C.A. en faisant avancer en parallèle les 5S.
La
préparation et la planification :
Le lieu métait déjà connu de part ma semaine de production sur ces deux machines. Une réunion fut faite sur le poste de travail avec la maîtrise pour fixer les enjeux, les délais ainsi que les grandes lignes à suivre. Jai expliqué à chaque opérateur (deux en tout : messieurs Levé et Laumond), pris individuellement, de manière claire et compréhensible les grandes lignes des 5S, les objectifs à se fixer, le travail à fournir, pour réussir les tâches à réaliser. Chaque question et chaque réticence quant à ce projet fut traitée et en grande partie résolue par une démonstration de la puissance de cette méthode et par une description des résultats imminents.
Le chantier était désormais lancé, nous avions entre trois et quatre semaines pour le réaliser.
Jai donc procédé, assisté de monsieur Levé, au premier état des lieux au moyen des fiches de cotation 5S[5] préalablement réclamées auprès de la société Eurosymbiose[6]. Ce document comprend 4 grilles qui correspondent aux «5S». Ces grilles présentent une quantité ditems de cotation qui couvrent une très large majorité de cas. Il permet de faire un état des lieux du poste afin de suivre et dévaluer la progression réalisée.
Certains, pourtant, peuvent ne pas sappliquer au chantier considéré. Il suffit de les déclarer «non applicables (N.A.) » dans la colonne «cotation » et de rayer la ligne correspondante. Attention cette même grille servira de base de cotation «après », cest à dire en fin de chantier. Il faut une parfaite homogénéité entre les cotations «avant » et «après » pour un chantier donné.
Pour les critères retenus, il existe 4 niveaux de cotation :
·
inacceptable
· mauvais
· moyen
· bon
De cette cotation ressort des résultats en points et en pourcentage qui permettent de juger de la qualité du travail déjà en place et à effectuer.
La 5ème grille permet de faire le calcul sur lensemble des critères
cotés et nous a permis dobtenir une évaluation du poste comme étant conforme
aux normes 5S à 64.5%.
Il a fallu par la suite relever toutes les anomalies[7] sur le poste et expliciter les actions futures à mener.
Déroulement et actions :
Nous avons débuté le Grand Ménage en commençant par la phase Débarras qui est la première priorité des 5S. Une fois linitiative prise, il a fallu engager lopérateur qui, tellement absorbé par sa tâche et englué dans sa routine, ne percevait pas forcément la nécessité de débarrasser. Cest donc toujours avec lopérateur, qui savait mieux que nous ce dont il se servait et ce dont il avait besoin, que nous avons procédé à une véritable auscultation du site.
Les
sols et les allées furent nettoyées des pièces cassées, défectueuses, des
objets rouillés et de ceux que nous navions pas lintention dutiliser.
Les armoires à outils et létabli furent libérés des outils, des poinçons et des matrices cassés ou usés et des choses inutiles.
Dans les tiroirs et armoires furent jetés les documents périmés et inutiles sur le poste.
Pour finir tous les instruments de nettoyage furent rangés.
Les objets jetés ont été soumis à lapprobation de la maîtrise et ceux gardés ont été rangés en fonction de leur degré de nécessité et de leur fréquence dutilisation au moyen du document Grand Ménage[8]. Ce document fut utilisé dès le démarrage du chantier pour noter tout lexistant rencontré et aider à définir lindispensable de linutile ainsi que les zones de rangement à retenir.
Il comprend :
· La description des objets, des problèmes rencontrés
· La localisation précise
· La fréquence dutilisation de ces objets
· La décision :
- Débarras
- Conserver et Ranger
· La validation, par la hiérarchie, des cas critiques
· La ou les causes du problème rencontré
Toutes inscriptions sur ce registre Grand Ménage doit soulever un problème qui devra être résolu dans un temps à déterminer.
Nous sommes partis du principe quune même méthode pouvait sappliquer au traitement des causes de la saleté. Le nettoyage devait être ainsi fait de manière régulière et ordonnée chaque semaine. Après avoir déterminé pourquoi les choses étaient si sales (grâce au personnel des postes de travail), nous avons nettoyé tout et partout et rédigé une fiche hebdomadaire de maintenance, dentretien et dordre (affiché en permanence sur le poste) où toutes les modalités sont décrites.
La liste des réparations ou améliorations dépendant de la maintenance leur fut remise au moyen du journal kaizen[9]. Ce document fut utilisé conjointement avec le Grand Ménage.
Il comprend :
· La liste des problèmes à résoudre
· Leurs causes réelles
· Les actions KAÏZEN retenues pour résoudre définitivement le problème
· Le responsable de la mise en place concrète de la solution
· le délai de réalisation prévu
· La vérification de lapplication de la solution (pour ceci il faut privilégier le management visuel )
Une fois ce document rempli, il faut le garder toujours à portée. Il est impératif de bien définir les personnes qui seront chargées de résoudre les problèmes (dans la majorité des cas, cest le service maintenance qui a du intervenir).
Chaque point soulevé ne peut être non résolu à la fin du chantier 5S. Parmi tous ces problèmes, nombreux furent ceux soulevés par les opérateurs (Machine à affûter, crosses ).
Contrôle et maîtrise de lavancement :
Une fois que nous nous sommes débarrassés de toutes les choses dont nous navions plus besoin, létape suivante a été de décider la place à affecter à chaque chose. Il sagissait de disposer les objets selon trois critères essentiels qui sont lefficacité, la qualité et la sécurité, et donc de rechercher la meilleure place pour chacun deux.
Le rangement nest pas un concept difficile à visualiser et à apprécier. Il est simplement difficile à réaliser.
Pour y parvenir nous avons appliqué trois règles simples :
§ Choisir la place de chaque objet :
Nous devions donc décider où devaient aller les objets qui navaient pas de place attitrée ou une qui ne convenait pas (place dun autre, perte de temps ).
Si on décidait de garder des pièces en supplément, il devenait obligatoire de les référencer car un grand nombre de pièces ne possédait aucun numéro de plan ou de programme.
Les documents de fonctionnement étaient trop dispersés entre le poste et le service maintenance ce qui avait pour incidence que personne ne savait où ils se trouvaient. De plus, aucun document de sécurité ou dutilisation navait été réalisé
Les chutes de tôles encore utilisables encerclaient les deux postes Trumpf sans que personne ne sache ce quil possédait comme matière exactement.
Les établis étaient mal rangés et seuls les opérateurs qui travaillaient ici depuis des années savaient retrouver un poinçon ou une matrice.
Les effets personnels des opérateurs venaient se mêler aux bidons de graisse et aux outils huileux, tout ceci confiné sur un site où la place est restreinte.
Il fallut donc décider dun choix et dun mode de rangement pour tous ces objets.
§ Déterminer comment les objets devraient être rangés :
Ceci est essentiel si lon veut un stockage fonctionnel. Les choses doivent être rangées de manière à être faciles à trouver et accessibles. Pour ranger les objets nous nous sommes donc basés sur la fréquence dutilisation de ces derniers
Les pièces en supplément furent
regroupées et reliées. Il fut mis en place un système de codification qui
assure que les prochaines pièces en supplément seront répertoriées avec le
numéro du plan et son indice.
Les documents de fonctionnement ont été tous regroupés. Des étagères furent réalisées et fixées au mur avec laide de la maîtrise et des opérateurs. Ces dernières permirent dy placer en plus toutes les fiches outil qui sentassaient dans une armoire que même le service méthode nosait plus ouvrir. Jai réalisé aussi avec lappui et les conseils de monsieur Vermande (agent de maîtrise) une fiche sécurité pour prévenir les opérateurs des risques inévitables quengendrent lutilisation de telles machines ainsi quune notice dutilisation qui permet de rendre accessible (dans certaines limites) lutilisation du poste à dautres ouvriers en cas dabsence des titulaires (tout ceci dans un souci de polyvalence).
Afin de gérer toutes les tôles qui jonchaient le sol, nous avons décidé de créer, sur le côté gauche dune des machines, une réserve de tôles où chaque plaque est rangée selon sa matière et référencée sur feuille de stock en fonction de son épaisseur. La recherche de chute en est ainsi profondément simplifiée et ordonnée (plus de perte de temps, ni darrêt machine trop long).
Pour résoudre le problème dencombrement des établis par des ensembles de poinçons-matrices que les opérateurs ne souhaitaient pas démonter vu leur fréquence dutilisation, il a été accepté que je fasse réaliser des casiers de rangement étiquetés qui solutionnent une fois pour toute ce problème. Quant aux armoire-outils, il sagissait de trouver un plan de rangement pour plusieurs centaines dobjet. Jai référencé chaque objet par catégorie et dimension. Jai évalué la place quils prenaient, et avec les opérateurs leur fréquence dutilisation. Jai réalisé un nouveau plan dagencement des deux armoires en faisant jouer lutilité des objets en parallèle avec leur accessibilité. Cest ainsi que, une fois approbation de mon plan par la maîtrise et les opérateurs, les deux armoires furent totalement réaménagées et étiquetées.
Quant aux effets personnels, ils sont dorénavant sur le côté du poste, à la place de larmoire qui contenait les fiches outil.
§ Appliquer les règles de rangement :
La troisième règle que nous nous sommes imposés est en fait celle de respecter les nouvelles règles instaurées. Ce qui veut dire toujours mettre les choses à la place qui leur a été attribuée.
Nous (moi, la maîtrise, et les opérateurs surtout) étions conscients que de lapplication de ce principe dépendait le succès ou léchec de lorganisation et du rangement.
Amélioration
continue :
Le
chantier 5S dans ces activités sarrêtent là. Il sagit de conserver maintenant
la volonté damélioration continue qui a commencé à germer chez les opérateurs
et dans toute la hiérarchie. Il faut veiller à ce que les ouvriers gardent leur
poste en ordre. Et lordre ne
sobtient que lorsque lon a pris lhabitude de se débarrasser des objets
inutiles, de ranger et de nettoyer. Messieurs Laumond, Levé et Vermande sont
désormais conscients, en ayant vu lefficacité des 5S, que la rigueur na pas seulement une dimension
éthique. Elle consiste également à réfléchir aux nombreux problèmes qui
surgissent chaque jour, à vouloir faire toujours mieux et à se donner les
moyens dy parvenir. Nous nous sommes donc mis daccord sur le fait de réaliser
des cotations 5S régulières, de se maintenir au-dessus des 80% attendus, et de
mettre en uvre les nouvelles solutions retenues.
Ce chantier se termina par un nouvel état des lieux au moyen des fiches de cotation 5S[10] qui montra que lapplication de cette méthode fut une réussite qui permit de monter la conformité du poste aux normes 5S à 84.75% (soit une progression de 20.25%). Cette cotation a soulevé de nouveaux problèmes[11] qui seront résolus rapidement.
Les activités développées dans le cadre des 5S sont des actions
concrètes qui mont permis de me rendre compte que les résultats dans une
entreprise sont proportionnels à leffort fourni.
Il
est cependant difficile de quantifier les 5S et jai remarqué que le
scepticisme de certains pouvait sexpliquer par le fait que lapplication dune
telle méthode ne pouvait se justifier que par lexpérience. Et cest pour cela
quil fut nécessaire dengager moralement et physiquement les opérateurs à la
réalisation de tels changements sur leur poste.
Je pense quil nen
reste pas moins que les 5S sont essentiels pour toute lentreprise et quils
ont toujours des effets positifs.
[1] Définition extraite du petit dictionnaire français, édition ÓLibrairie Larousse, 1988
[2] Le management visuel se base sur la «suppression de tous les tiroirs » afin de rendre TOUT visible sur le poste. Si on voit tout, on verra le désordre et il gênera. Ce style de management est récemment apparu comme un instrument de mise en uvre du Kaizen (amélioration continue). Il est aujourdhui utilisé pour la production, la qualité, la sécurité et dans bien dautres domaines.
[3] Ce poste a été présenté dans les chapitres précédents
[4] Concept inventé par Monsieur Deming pour expliquer comment faire et améliorer la Qualité)
[6] Société de publication douvrages relatifs aux techniques dassurance qualité et de topomaintenance au sein des entreprises et de formation de personnel aux dites techniques
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